Felix R.

 

Lauréate d’une bourse d’études pour 2019

 

Montant de la bourse : 10 000 $ 
Établissement : Université Western
Programme : baccalauréat en administration des affaires

Ma mère s’appelait Gudrun. Elle élevait seule trois jeunes garçons difficiles, mes deux frères aînés et moi. Elle pensait d’abord aux autres et faisait passer ses besoins en dernier; elle avait souvent deux emplois pour subvenir aux besoins de notre famille. Elle était vibrante d’amour pour nous et pour ceux qui l’entouraient. Elle s’est occupée de nous et nous a élevés comme personne d’autre n’aurait pu le faire, en nous transmettant sa force et ses vertus, sans lesquelles je n’aurais pas pu devenir et je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui.

J’avais 18 ans et je finissais mon secondaire quand elle a reçu un diagnostic de cancer ovarien au stade quatre. Mes aspirations d’études postsecondaires sont devenues floues, je les ai reléguées à l’arrière-plan; je ne pensais plus qu’à ma mère. J’ai renoncé à ma bourse pour étudiant-athlète et à l’offre d’admission que m’avait faite l’Université Western Ontario. Ma mère s’était occupée de moi auparavant et c’était à mon tour de prendre soin d’elle. Après avoir obtenu mon diplôme d’études secondaires, j’ai passé l’été à m’occuper d’elle pendant qu’elle luttait pour survivre, mais faiblissait et devenait de plus en plus malade de jour en jour. Elle est décédée peu de temps après, à la fin du mois de juillet.

Mon monde s’est écroulé. Son décès a été tellement soudain, j’ai été dévasté. Je devais trouver le moyen de vivre sans elle, qui avait été la seule force positive constante dans ma vie. Je devais non seulement trouver le moyen de gérer mes émotions, mais aussi de faire face à la dure réalité, de me nourrir et de me loger. J’ai emménagé chez un ami qui m’a généreusement ouvert sa porte et, pendant l’année qui a suivi, j’ai fait mon travail de deuil pour surmonter la peine qui m’assaillait, tout en trouvant des moyens de subvenir à mes besoins quotidiens. Je me suis mis à travailler 70 heures par semaine, ce qui m’a procuré assez d’argent pour subvenir à ces besoins et étoffer mon compte d’épargne. Je m’accrochais toujours à mon rêve d’aller à l’université. Finalement, grâce à ces économies et à un éventail de bourses et de prêts, j’ai pu atteindre mon objectif et m’inscrire à l’une des meilleures universités d’économie au pays.

Malgré ce qu’elle souhaitait, Gudrun ne nous a pas laissé d’héritage pour nous aider, mes frères et moi, pendant cette période éprouvante. Comme elle devait optimiser le moindre dollar gagné pour nous vêtir et nous nourrir, il était inenvisageable de souscrire une assurance vie. Avec le recul, il est facile de dire qu’il aurait suffi d’une simple assurance vie pour transformer complètement la situation de notre famille. Pendant que je travaillais de longues heures, d’autres parcouraient le monde et saisissaient des occasions dont je ne pourrais jamais rêver. Qui plus est, mes frères et moi ne croulerions peut-être pas maintenant sous une dette d’études exorbitante. À force de détermination et de persévérance, j’ai pu poursuivre mes rêves en dépit des obstacles. Je ne peux qu’imaginer ce que je pourrais accomplir, ce que les autres personnes dans la même situation pourraient accomplir, si l’argent n’avait pas été un tel obstacle.

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