Jackie E.

 

Lauréate d’une bourse d’études pour 2020

 

Montant de la bourse : 10 000 $

 

Établissement d’enseignement : Université de Windsor

 

Programme : Droit

En 2011, ma mère a reçu un diagnostic erroné de calculs rénaux. Pendant un an et demi, elle a subi des douleurs atroces et elle a été plongée dans la confusion. Elle a reçu plusieurs diagnostics erronés, allant de calculs rénaux à des problèmes de vésicule biliaire, en passant par une infection. Vers le milieu de l’année 2012, un médecin a posé un diagnostic définitif : cancer colorectal de stade 4 avec six mois à vivre.

Ma mère était une immigrante qui provenait du Nigeria. Elle s’était installée au Canada pour reconstruire sa vie, mais aussi pour que ses enfants puissent avoir accès à de meilleures possibilités. Elle a travaillé pour gérer son centre d’hébergement pour jeunes femmes aux prises avec des problèmes de dépendance et pour élever cinq enfants, tout en vivant avec un conjoint violent.

À l’automne 2013, la santé de ma mère s’est détériorée. Elle a lutté avec une grâce et une force inébranlables, jusqu’à son décès, le 23 décembre 2013, deux jours avant Noël.

Ma mère n’a jamais souscrit d’assurance vie, car elle était loin de penser qu’elle vivrait une courte vie. Nous vivions sous le seuil de la pauvreté, sans assurance vie, et il n’y avait donc pas d’argent supplémentaire pour payer les frais funéraires. Toutes mes économies et celles de ma fratrie ont servi à payer ses funérailles.

Le décès de ma mère a été le combat le plus difficile de ma vie. Elle était ma source de force et de résilience. Elle avait affronté de nombreuses épreuves, mais elle continuait d’aider les autres, quelle que soit sa situation. À chaque épreuve de la vie, elle se redressait avec dignité et grâce, et elle profitait de ces moments pour transmettre des enseignements à ses enfants.

Son décès a donné lieu à de nouveaux fardeaux financiers et le stress financier a commencé à peser lourdement. Ma priorité a été d’aider mon père à payer les factures en raison de la détérioration de sa santé. J’ai utilisé au mieux chaque dollar pour m’assurer que les besoins essentiels étaient comblés. L’assurance vie aurait permis d’entretenir la maison, d’avoir de la nourriture dans le réfrigérateur et de ralentir l’accumulation des dettes qui devenaient insurmontables, pendant mes études postsecondaires.

Dans ma communauté, on ne parle pas assez d’assurance vie. L’assurance vie aurait pu changer l’avenir de ma famille, et le deuil suite au décès de ma mère n’aurait pas été éclipsé par les difficultés financières qui ont accablé ma famille et moi-même.

J’ai dû refuser des opportunités, comme voyager à travers le monde et des stages, parce que financièrement, je ne pouvais pas me permettre d’arrêter de travailler. Si je voulais poursuivre des études, je savais que je devrais travailler le plus fort possible. J’ai occupé deux emplois et j’ai travaillé 60 heures par semaine pour couvrir une partie de mes droits de scolarité de premier cycle. La résilience dont ma mère a fait preuve est la même que celle qui m’a amenée à travailler et à me battre pour poursuivre mes études. Plutôt que de renoncer à mes études, je veux continuer à me battre pour pouvoir les terminer et concrétiser mes rêves et ceux de ma mère. 

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