Mes parents ont quitté la Russie il y a trois décennies à la recherche d’une vie meilleure. En tant que nouveaux immigrants, ils ont dû faire face à de nombreuses difficultés. Ils voulaient que ma soeur et moi ayons une bonne éducation et une vie heureuse et stable. Ma mère était une sculptrice de grand talent. Elle travaillait dans son studio à la maison et ma soeur et moi étions toujours à ses côtés. Elle créait des albums de photos de chaque moment de notre vie depuis notre naissance. Ma mère était tout pour nous et nous étions tout pour elle.
Un jour de novembre 2015, à notre lever, ma soeur et moi ne pouvions pas trouver notre mère. Nous avons demandé à notre père et il nous a dit qu’elle était à l’hôpital. Je n’avais que huit ans, mais je me souviens très bien de ce matin froid.
Pendant des mois, nous avons attendu qu’elle revienne à la maison. Un jour papa nous a annoncé qu’elle était décédée d’un anévrisme cérébral. Nous n’avons jamais eu l’occasion de nous dire au revoir, et plus aucune image n’a été ajoutée aux albums de photos.
Plus n’était plus pareil après la mort de maman. Notre père a eu du mal à apprendre à vivre sans sa compagne depuis 30 ans. Il s’est mis à boire beaucoup et est devenu colérique et distant. Nous le craignions même parfois. Cette année-là, nous avons perdu nos deux parents. Ma mère n’avait pas d’assurance-vie. Mon père était dépassé et n’a pas pu travailler pendant un certain temps. Sans les revenus de maman, nous avions des difficultés financières et nous avions seulement assez d’argent pour le strict nécessaire.
Notre père gagnait à peine de quoi payer les factures. Il ne pouvait pas commencer à épargner pour nos études universitaires comme il l’aurait fait si ma mère avait eu une assurance-vie. Ma soeur et moi voulions travailler à temps partiel durant nos études secondaires, mais notre père a refusé. Il a insisté pour que nous nous concentrions sur nos études.
J’essaie toujours de montrer ma reconnaissance dès que je peux le faire. Je nettoie la maison, fais la lessive et lave sa voiture. Mon bal des finissants approche et mon père n’a pas les moyens de m’acheter une robe. Il refuse aussi de me fournir un soutien financier à l’université ou de co-signer des prêts étudiants avec moi. Je peux me passer d’une robe de bal, mais l’éducation n’est pas facultative pour moi. Je suis reconnaissante pour tout ce que mon père m’a apporté, et je veux être là pour lui quand il vieillira. Je veux honorer les sacrifices que lui et ma mère ont faits pour moi, et je sais qu’il sera heureux si je réussis.
Depuis l’école primaire, je veux devenir ingénieur en aérospatial. J’ai conservé la meilleure moyenne de ma classe tout au long du secondaire et je suis prête à relever les défis de la carrière d’ingénieur. J’ai été accepté au programme de génie mécanique à Waterloo, mais il est très cher. Et les bourses d’études sont devenues ma planche de salut.
Je ne veux pas renoncer à mon rêve. Je veux faire une différence dans le secteur du génie aérospatial et je suis décidée à réussir.
Le souvenir de ma mère me motive à aller de l’avant et je veux qu’elle soit fière de moi. Cette bourse fera de mon rêve une réalité.
