Kwaze G.

 

Lauréate d’une bourse d’études pour 2020

 

Montant de la bourse : 10 000 $

 

Établissement d’enseignement : Université de Toronto

 

Programme : Commerce – Finances et économie 

Je me souviens très bien de l’appel de mon frère.

J’ai grandi avec une mère monoparentale aux prises avec une maladie mentale. Elle a fait tout son possible pour nous soutenir, mais il n’a pas été facile pour elle de nous élever seule. Nous vivions dans un quartier difficile, nous ne recevions aucune aide de nos proches et elle était incapable de garder un emploi à cause de sa santé mentale. Les repas étaient souvent composés de maïs soufflé et d’eau. Chaque jour était un combat et sans elle, la vie ne serait pas plus facile. J’avais 16 ans et le cœur brisé lorsque mon frère m’a annoncé qu’elle était partie. La police a trouvé son corps pendu dans un parc local par un matin froid d’hiver; elle s’était enlevé la vie. Même si cela n’aurait pas rendu son décès plus tolérable, si ma mère avait souscrit une assurance vie, cela aurait allégé le terrible fardeau financier que mes frères et moi avons dû assumer à un si jeune âge.

Après son décès traumatisant, nous avons vécu un enfer financier; sa dépouille était restée dans la morgue pendant des semaines, car j’avais de la difficulté à payer les funérailles. De plus, mon frère avait mal vécu le décès de ma mère et j’ai dû l’aider financièrement. Le décès de ma mère a été tragique; non seulement j’ai perdu une personne que j’aimais profondément, mais j’ai aussi perdu la possibilité de lui offrir une vie meilleure. L’une des dernières choses qu’elle m’a dites a été : « Kwaze, les choses vont empirer avant de s’améliorer. » Ces mots ont tout leur sens aujourd’hui encore.

Deux ans avant de commencer mes études universitaires, je me suis retrouvé livré à moi-même. Les foyers d’accueil ont fourni du soutien restreint jusqu’à 18 ans. J’ai passé l’été 2017 à l’emploi de PeopleReady, une agence de placement temporaire où il fallait se présenter à 6 h du matin et attendre l’affectation quotidienne. À la fin de l’été, j’avais économisé suffisamment pour louer une chambre près du campus, mais j’ai dû occuper deux emplois à temps partiel juste pour couvrir les frais. La première année a été très difficile; j’ai dû jongler entre mes études à temps plein dans le cadre du programme de gestion des affaires le plus exigeant du Canada et plus de 30 heures de travail par semaine. Mes collègues vivaient pour la fin de semaine, pendant que je travaillais comme un forcené. Je faisais mon quart de travail du vendredi après-midi dans le cadre de mon premier emploi, puis je partais directement faire mon quart de nuit dans le cadre de l’autre emploi, et je retournais à mon premier emploi pour servir le déjeuner à 7 h du matin, avant de refaire un quart de nuit à l’autre emploi le même jour.

Ma réalité semble incroyable, mais je n’avais pas le choix. Je n’ai pas de parents, alors je n’ai pas le filet de sécurité que les gens tiennent souvent pour acquis. Les récentes réductions du RAFEO ont accru mes difficultés, car je consacre encore 30 % de mon revenu au soutien de ma fratrie jusqu’à maintenant.

Je ne peux tout simplement pas me permettre d’échouer. J’obtiendrai mon diplôme. Je poursuivrai une carrière en finance.

Souvent, je cherche des signes indiquant que ma mère m’observe. Un oiseau dans le ciel, une petite brise qui passe au-dessus de moi peuvent être des signes de sa présence, avec la fierté et l’espoir de réussite. 

Les autres lauréats