Il existe un grand secret pour un mode de vie plus sain (bonne nouvelle : ce n’est pas le brocoli)

Les avantages d’un mode de vie sain sont clairs : bien manger, rester actif, donner la priorité au sommeil et prendre soin de sa santé mentale ne font pas qu’augmenter l’énergie quotidienne – cela réduit le risque de maladie chronique et augmente les chances de bien vivre plus longtemps.

Mais il n’est pas toujours facile de faire de tels choix. Soyons honnêtes, les comportements souvent associés à la prévention et au bien-être peuvent ressembler à des efforts éprouvants. Il n’est donc pas étonnant que les modes de vie sains aient la réputation d’être un peu pénibles.

Mais les experts disent que le bien-être ne doit pas être tout inconfort et privation, ni devrait-il l’être. En adoptant la bonne attitude et les bonnes habitudes, un mode de vie sain peut être amusant, ce qui contribuera à faire de ces habitudes saines... une habitude.

L’experte en changement comportemental Jaclyn Pritchard, diététiste agréée à Cleveland Clinic Canada, est directrice médicale à Manuvie, où elle dirige l’élaboration des programmes de mieux-être de l’organisation. Nous lui avons demandé pourquoi tant de gens associent la recherche du bien-être à des sacrifices, et comment adopter un état d’esprit plus agréable et plus durable.

J. Pritchard : Bien des personnes considèrent que la santé nécessite des souffrances et des extrêmes : par exemple, elles pensent qu’il est impossible de perdre du poids sans éliminer tous les glucides et les grammes de sucre de son alimentation ou sans adopter un programme d’entraînement draconien.

Je ne reproche à personne d’avoir cet état d’esprit. Il est renforcé par beaucoup de choses que nous voyons et entendons, en particulier sur les médias sociaux. Et les voix les plus fortes sont celles des personnes qui sont allées jusqu’à l’extrême, comme le jeûne et les multiples séances d’entraînement par jour. Mais vous pouvez faire en sorte que le bien-être soit moins une question de perfection et plus une question de cohérence, moins une question de souffrance et plus une question de plaisir et d’épanouissement. Par exemple : il ne s’agit pas forcément de jus vert et de sauts de grenouille (burpees). Parfois, il suffit d’intégrer quelques légumes supplémentaires à votre repas et de faire une longue promenade avec votre chien par la suite.

J. Pritchard : En tant que société, nous avons tendance à penser que c’est tout ou rien. Mais les régimes fondés sur des privations extrêmes sont très difficiles à maintenir. Nous nous sentons bien pendant un certain temps, mais lorsque nous tombons inévitablement en panne – ce qui est normal et acceptable –, cela peut entraîner un sentiment de honte et d’échec.

Supposons que vous évitiez les sucreries et que vous mangiez un gros biscuit après le dîner. Si vous avez l’habitude de penser aux extrêmes, vous pourriez vous sentir mal et décider de ne manger que des légumes au souper. Mais vous risquez d’avoir faim à 22 h et de faire un autre « mauvais » choix alimentaire, ce qui accentuera votre sentiment de culpabilité et de honte. 

C’est pourquoi je pense que nous sommes meilleurs lorsque nous nous éloignons des extrêmes et que nous trouvons une voie plus douce. Nous devons nous accorder plus de grâce  : vous n’avez pas fait échec au bien-être parce que vous avez mangé un biscuit. Vous êtes simplement humain. Passez à autre chose.

J. Pritchard : Il est alors beaucoup plus facile de maintenir des habitudes. Lorsque vous trouvez quelque chose que vous appréciez vraiment, vous n’avez plus l’impression de devoir souffrir. Et un tel sentiment de plaisir est très important pour notre cerveau et pour notre longévité.

J. Pritchard : Commencez par changer d’état d’esprit. J’encourage les gens à cesser de penser en termes de « je devrais faire ceci ou cela ». Nous connaissons tous ce sentiment : « Je devrais méditer ». « Je devrais courir. » « Je devrais aller me promener. » Si vous voulez apporter des changements durables, je pense qu’il est plus efficace de songer à ce qui vous stimule. Choisissez des activités ou des comportements sains parce que vous les appréciez, et non parce que votre partenaire les aime ou parce que votre collègue les pratique, ou même parce que votre médecin vous a conseillé de le faire.

Si vous n’aimez vraiment pas le brocoli, n’en mangez pas. Si vous n’aimez pas courir, ne courez pas. Il existe tellement d’options pour un mode de vie sain. Vous n’avez pas à faire quelque chose que vous détestez faire.

J. Pritchard : Même lorsque nous faisons des activités que nous aimons, nous avons tous besoin d’incitations pour continuer. Je trouve que les petites friandises peuvent être très efficaces pour maintenir des comportements sains. Les petites récompenses peuvent renforcer les connexions neuronales qui nous incitent à continuer à faire des efforts pour atteindre nos objectifs à long terme. Pensez à quelques carrés de chocolat dans l’après-midi ou à une heure ou deux de votre émission de téléréalité préférée après une longue journée. Les récompenses n’ont pas besoin d’être élaborées ni coûteuses, mais de petites gâteries peuvent vraiment aider votre cerveau à conserver des habitudes saines à long terme.